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title | 4. Les problèmes |
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Plusieurs problèmes empêchent l’UE de réaliser son potentiel dans le domaine de l’économie fondée sur les données. La fragmentation d’un État membre à l’autre représente un risque majeur pour la vision d’un espace européen commun des données et pour la poursuite du développement d’un véritable marché unique des données. Plusieurs États membres ont commencé à adapter leur cadre juridique, notamment sur l’utilisation, par les pouvoirs publics, des données détenues par le secteur privé 14, sur le traitement des données à des fins de recherche scientifique 15 ou sur des adaptations du droit de la concurrence 16. D’autres commencent seulement à étudier comment gérer les enjeux en cause. Ces écarts soulignent l’importance d’une action commune pour tirer parti de l’ampleur du marché intérieur. Il faut progresser ensemble sur les points suivants: Disponibilité des données: La valeur des données tient à leur utilisation et réutilisation. Actuellement, les données disponibles sont insuffisantes pour une réutilisation innovante, notamment aux fins du développement de l’intelligence artificielle. Les questions peuvent être regroupées selon qui est le détenteur des données et qui est l’utilisateur des données, mais dépendent également de la nature des données concernées (à caractère personnel ou non, ou des séries de données combinant les deux 17 ). Plusieurs questions concernent la disponibilité des données pour le bien public.
Déséquilibres en termes de pouvoir de marché: Outre la forte concentration dans la fourniture de services en nuage et d’infrastructures de données, on observe également des déséquilibres sur le marché en ce qui concerne l’accès aux données et leur utilisation, par exemple dans le cas des PME. Un cas typique est celui des plateformes en ligne, où un petit nombre d’acteurs peuvent accumuler de grands volumes de données, acquérant ainsi, grâce à la richesse et à la diversité des données qu’ils détiennent, des connaissances et des avantages concurrentiels importants. Cela peut ensuite affecter la contestabilité des marchés dans des cas spécifiques, non seulement le marché de ces services de plateformes, mais aussi les différents marchés spécifiques des biens et services desservis par la plateforme, en particulier si la plateforme est elle-même active sur ces marchés. Le pouvoir de marché élevé qui résulte de l’«avantage lié aux données» peut permettre aux grands acteurs de fixer les règles sur la plateforme et d’imposer unilatéralement des conditions d’accès et d’utilisation des données, voire d’utiliser ce pouvoir lorsqu’ils développent de nouveaux services et partent à la conquête de nouveaux marchés. Des déséquilibres peuvent également survenir dans d’autres situations, telles que l’accès aux données coproduites de l’internet des objets provenant de dispositifs industriels et grand public. Interopérabilité et qualité des données: L’interopérabilité et la qualité des données, ainsi que leurs structure, authenticité et intégrité, sont essentielles pour l’exploitation de la valeur des données, dans le contexte du déploiement de l’IA. Les producteurs et les utilisateurs de données ont recensé des problèmes d’interopérabilité qui entravent la combinaison de données provenant de différentes sources à l’intérieur des secteurs, et encore plus entre les secteurs. L’application de formats et de protocoles compatibles standard et partagés pour la collecte et le traitement de données de différentes sources d’une manière cohérente et interopérable dans tous les secteurs et les marchés verticaux devrait être encouragée au moyen du plan évolutif pour la normalisation des TIC 24 et (en ce qui concerne les services publics) du cadre d’interopérabilité européen renforcé 25. Gouvernance des données: Des appels ont été lancés pour renforcer encore la gouvernance en matière d’utilisation des données dans la société et dans l’économie 26. Pour que ces espaces de données deviennent opérationnels, des approches et des structures organisationnelles (tant publiques que privées) sont nécessaires pour permettre une innovation fondée sur les données sur la base du cadre juridique existant. Infrastructures et technologies de données: La transformation numérique de l’économie de l’UE dépend de la disponibilité et de l’adoption de capacités de traitement des données sûres, économes en énergie, abordables et de haute qualité, telles que celles offertes par les infrastructures et services en nuage, tant dans des centres de données qu’à la périphérie. Dans cette perspective, l’UE doit réduire ses dépendances technologiques dans ces infrastructures stratégiques, qui sont au cœur de l’économie des données. Or des problèmes subsistent dans l’informatique en nuage, aussi bien du côté de l’offre que de la demande. Du côté de l’offre:
Du côté de l’offre:
Permettre aux individus d’exercer leurs droits: Les personnes physiques apprécient le niveau de protection instauré par le RGPD et par la législation «vie privée et communications électroniques». Elles souffrent cependant de l’absence d’outils et de normes techniques rendant l’exercice de leurs droits simple et pas trop contraignant. Le potentiel qu’offre l’article 20 du RGPD de permettre de nouveaux flux de données et de favoriser la concurrence est reconnu dans des rapports établis pour la Commission et pour des gouvernements des États membres 29, sans être limité à l’UE 30. Toutefois, du fait de sa conception visant à permettre le changement de fournisseur plutôt que la réutilisation des données dans les écosystèmes numériques, le droit en question est limité en pratique. Des volumes de plus en plus importants de données étant générés par les consommateurs lorsqu’ils utilisent des dispositifs de l’internet des objets et des services numériques, les consommateurs peuvent être confrontés à des risques de discrimination, des pratiques déloyales et à des effets de «verrouillage». Des considérations concernant l’autonomisation des consommateurs et l’innovation sous-tendent les dispositions de la directive sur les services de paiement relatives à l’accès aux données et à leur réutilisation. Face à cette situation, certains appellent à donner aux individus les outils et moyens leur permettant de décider, à un niveau détaillé, de l’utilisation faite de leurs données (mouvement MyData et autres) 31. Cette approche ouvre la perspective d’avantages considérables pour les personnes, notamment concernant leur santé et leur bien-être, de meilleures finances personnelles, une empreinte environnementale réduite, un accès aisé aux services publics et privés ainsi qu’un suivi et une transparence accrus de leurs données à caractère personnel. Ces outils et moyens comprennent des outils de gestion des consentements, des applications de gestion des informations à caractère personnel, y compris des solutions entièrement décentralisées qui s’appuient sur la chaîne de blocs, ainsi que les coopératives ou les fiducies de données à caractère personnel faisant fonction de nouveaux intermédiaires neutres dans l’économie fondée sur les données à caractère personnel 32. Ces outils n’en sont encore qu’à leurs balbutiements, mais leur potentiel est important et ils ont besoin d’un environnement favorable. Compétences et éducation au numérique Actuellement, les mégadonnées et l’analyse figurent tout en haut de la liste des pénuries de compétences critiques. En 2017, on comptait environ 496 000 postes vacants dans le domaine des mégadonnées et de l’analyse dans l’UE-27 33 . En outre, les connaissances générales en matière de données dans la population active et le grand public sont relativement faibles, et certains restent en dehors de ce domaine (les personnes âgées par exemple). Si rien n’est fait pour y remédier, la pénurie d’experts en données et le manque d’éducation au numérique affecteront la capacité de l’UE à relever les défis de l’économie et de la société fondées sur les données. Cybersécurité: Dans le domaine de la cybersécurité, l’UE a développé un cadre déjà complet pour aider les États membres, les entreprises et les citoyens à faire face aux menaces et attaques dans le cyberespace, et elle continuera à développer et à améliorer ses mécanismes de protection de ses données et les services qui en sont issus. L’utilisation sûre et généralisée des produits et services alimentés par les données dépendra également de l’existence de normes de cybersécurité les plus élevées. Le cadre de l’UE pour la certification de cybersécurité et l’Agence de l’UE pour la cybersécurité (ENISA) 34 devraient jouer un rôle important à cet égard. Toutefois, les nouvelles pratiques en matière de données, selon lesquelles les volumes stockés en centre de données diminuent tandis que davantage de données sont réparties de manière systématique plus à proximité de l’utilisateur «à la périphérie», posent de nouveaux défis en matière de cybersécurité. Il sera essentiel de préserver la sécurité des données lors de l’échange de données. Assurer la continuité des contrôles d’accès (c’est-à-dire la gestion et le respect des attributs de sécurité des données) tout au long de la chaîne de valeurs des données sera un préalable ardu mais indispensable pour favoriser l’échange de données et garantir la confiance entre les différents acteurs des écosystèmes de données européens. Les nouvelles technologies numériques décentralisées tels que les chaînes de blocs offrent aux personnes et aux entreprises de nouvelles possibilités de gestion des flux de données et de l’utilisation de celles-ci, sur la base du libre choix individuel et de l’autodétermination. Ces technologies rendront possible la portabilité dynamique des données en temps réel pour les particuliers et les entreprises, ainsi que différents modèles de compensation. |